TIC et connaissance

I- ELEMENTS D'EXPLICATION



Le principe

Le principe repose sur l’optimisation des relations entre les territoires et les communautés dans la sphère de la connaissance, comme préalable à un développement humain en équilibre avec son environnement (voir à ce propos nos travaux sur le métabolisme territorial et l'article « Métabolisme territorial et développement durable » plublié dans la revue Territoires 2030 de la DIACT en décembre 2005).
  • Un "territoire intelligent" est un espace disposant d'infrastructures et de caractéristiques matérielles, conçu, délimité et entretenu pour permettre la circulation rapide d'information, leur analyse, leur interprétation et leur préservation.
  • Une "communauté apprenante " est un groupe de personnes qui s’activent sur un territoire dont l’intelligence infrastructurelle leur permet d’amorcer et d’entretenir une démarche permanente d'apprentissage partagé.
La conjonction de territoires intelligents et de communautés apprenantes, et leur mise en réseau, nous semble aujourd’hui la voie la plus efficace pour accélérer l’adoption de modes de vie durable au plan mondial.

Enjeux pour un développement durable

Le développement durable, concept « inventé » depuis qu’il apparaît de manière visible que l’espèce humaine menace l'équilibre de la Planète, a pour objectif d’enrayer les dégradations et de limiter les dégâts pour les générations futures. L’accumulation de preuves scientifiques depuis une vingtaine d’années et la médiatisation (plus récente) du problème mettent en évidence la nécessité d’engager l'énergie des individus et de communautés diverses, à des échelles variées, pour adopter des modes de vie durables.

L’objectif d’Angenius est de mettre en place, grâce à des moyens simples et innovants, des espaces collaboratifs à l'échelle d'un territoire, pour en rendre visible les fondations humaines, culturelles et historiques. La définition d'un territoire, émergeant comme somme de toutes les définitions individuelles contribuées, propose un objet impliquant, un vecteur commun. Cette démarche face au territoire prédispose à prendre conscience à titre personnel que la richesse d'un territoire est un bien partagé et que chacun de ses composants y joue un rôle.
Par contraste, l'industrialisation et la capitalisation ont apporté des facteurs de rupture de l'appartenance territoriale, séparant les individus par des incitations à la productivité mécanique, à la compétition et la division du travail. Les profits générés, majoritairement liés à des intérêts étrangers au territoire et à la communauté, ont signé dans la sueur et le sang l'histoire du siècle dernier.

En outillant le partage libre des connaissances et la construction collective du territoire par ceux qui le vivent, le territoire sort de la logique marchande et du profit à court terme. En rétablissant une logique de prospective à long terme, et en se considérant comme des organismes dotés d’un métabolisme propre, les territoires peuvent survivre à la globalisation et la transcender pour proposer une approche organique durable. Cette logique organique est incarnée par des communautés apprenantes actives à l'échelle locale et qui, parce qu’elles collaborent en réseau, deviennent sources de solution à l’échelle de la planète.

Contexte

Lecture accélérée de trois siècles de développement de la « connaissance »
  • 18ème siècle. Gutenberg duplique la première bible à 180 exemplaires. C'est le siècle des Lumières, de l'encyclopédisme et des valeurs humanistes. Le genre humain se dote d'une tête qui pense, plutôt que de prier.
  • 19ème siècle. Révolution industrielle, exploitations coloniales, mécanisation et productivité, découvertes de Pasteur. Le genre humain développe ses membres, bras et jambes, qui sont puissants et efficaces, il fait reculer la mort.


  • 20ème siècle. Victoire du capitalisme et prédominance du marché, société de l'information, développement des médias, puis Internet. Le genre humain dispose maintenant de sens accrus (ouïe, vue) sur son propre corps et son environnement.
  • 21ème siècle. Le Genre Humain, qui voit maintenant de ses yeux les dégâts provoqués par ses membres, travaille sur lui-même et recherche un équilibre dans le but de sa propre survie en tant qu'espèce.



… et maintenant ?

La croissance telle que les économistes la préconisent est un mythe connu des mathématiciens. Rien ne croît indéfiniment. Le monde fonctionne par cycles, de longueurs variables, engageant une multitude de facteurs. Mais la société humaine outrepasse les limites naturelles et s’aveugle de manière (semi) inconsciente pour continuer sur cette trajectoire.

L'illustration de cette évidence devient de plus en plus perceptible dans les dérives de nos repères sociaux. Le dieu pétrole a chu. Les « reality show » télévisés sont devenus, de manière hypnotique, des placebos de vie. Le genre humain est traité comme une masse informe qu'il faut occuper, divertir, motiver à participer au marché, et à jouer à un jeu dont les personnes sont les pions. Les symptômes humains témoignent des conséquences de ces non vies qui emprisonnent la majorité de nos contemporains (obésités, dépressions, suicides…). L’obésité est ainsi devenue un fléau dans toutes les sociétés « modernes » (elle touche 30% des américains); près de 50% des gens pensent que cela est dû à l’environnement dans lequel ils vivent

Cette occupation du « temps cerveau » contemporain provoque au final une chute de l'accès à la connaissance. Les statistiques d'illettrisme sont en pleine croissance dans des pays disposant d'infrastructures modernes, alors que la « richesse » s’accroît sans répit. Depuis les années 1970, l’Indicateur de Développement Humain de l’ONU a régressé de plus de 20%, alors que le PIB ne cecsse de croître.

Solution : métabolisme territorial et « cellules souches »



Le métabolisme territorial, c'est une façon de considérer un territoire sous un angle biométrique, comme s'il s'agissait d'un organisme vivant des échanges internes et externes avec son environnement. Le modèle du vivant apporte la représentation d'interactions complexes, dynamiques plus ou moins prévisibles, dépendant de la bonne volonté de ses composantes de base, cellules ou micro-organismes.

Poussant cette analogie, notre objectif est de concentrer le germe de la vie et de l’histoire d'un territoire dans des « cellules souches », composées de process et de savoirs codifiés pour permettre l'appropriation par d'autres territoires et le mélange avec leur propre génome dans un but de développement durable à l’échelle de la planète.
Les cellules souches (voir exemple des bactéries du désert), sont ainsi capables de réguler leur métabolisme pour s’adapter aux conditions externes. Les cellules souches doivent aussi permettre, en case de crise malheureusement prévisible du système dominant, d'ajuster le métabolisme de leurs territoires pour résister et survivre sans dépendre de ressources externes incertaines, ce qui suppose de connaître leur environnement proche et de s’y intégrer de manière structurelle.

Ces réflexes de survie ne doivent pas être confondus avec l’autarcie, qui caractérise des communautés refermées sur elles-mêmes, sans volonté affichée d’échange avec l’extérieur. Les territoires et cellules souches considérés ici fonctionnent en réseaux apprenants, et collaborent avec d’autres territoires bénéficiant d’un mécanisme similaire de cellule souche, afin de mutualiser les connaissances et multiplier les chances de survie d’ensemble à long terme.
Par analogie, le fonctionnement d’Angenius et de ses partenaires pour développer ces cellules souches est comparable à celui de réseaux de scientifiques ou de communautés libres telles que celles regroupées autour de LINUX. Les utilisateurs et les scientifiques échangent librement sur les résultats de leurs expérimentations, afin de développer des méthodes et des protocoles de recherche pour faire avancer l’état de la science.


o